Cafe de flore
Présentation
Garçon ! Un Flore…
Aimée de Zéphyr, un vent coquin de la mythologie, la déesse Flore engendra le Printemps : ainsi s’explique l’éternelle jeunesse du café de Flore. Cet aimable centenaire n’a pas une ride et son heureuse longévité permet à ses fidèles, éparpillés dans le monde entier, de s’y retrouver comme chez soi, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, qui est le cœur de Paris comme le soutiennent à juste titre ses « paroissiens ».
Au début du siècle, Maurras rédigea, dans les « Bois » du premier étage, son merveilleux « Sous le signe de Flore » avant d’y réunir quelques années plus tard ses amis de l’Action Française ; au même endroit, dans le même temps, ou presque, Apollinaire créait sur les banquettes de velours rouge, les « Soirées de Paris »… Dans les années Trente, servi par Pascal, Trotski griffonnait ses articles incendiaires et il arrivait au même célèbre garçon de prêter quelques sous à Chou En Laï qui venait boire un thé , le dimanche après-midi après une semaine laborieuse chez Renault.
Un lustre passe et c’est le même serveur Pascal, qui ouvre la porte de l’établissement au nouveau propriétaire, Paul Boubal et à sa blonde épouse Henriette, dont le charmant sourire attire Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre près du poêle qui trônait alors au milieu de la salle : l’existentialisme était né.
C’est au Flore que se réunissaient aussi ceux que Marcel Haedrich allait baptiser « les existentialistes » bien que joyeux jeunes gens entraînés par Juliette Gréco, Anne-Marie Cazalis et Vadim, n’aient jamais eu un rapport évident avec la philosophie.
Le patron, surnommé par Léo Malet et Scipion « Terrasse Boulba », saluait à midi les amis surréalistes d’André Breton, et le soir Albert Camus ou les quatre hussards : Nimier, Déon, Kléber Haedens et Jacques Laurent, tandis qu’Albert Vidalie et Antoine Blondin engageaient de mémorables batailles d’œufs durs (ou frais) qui éclaboussaient tantôt les frères Prévert et leur amis du groupe Octobre, parfois Artaud, Boris Vian, noël Howard, parfois Georges Geret ou Albert Cossery.
A gauche, naturellement, près de la caisse se réunissaient les copains du P.C.F., le plus grand parti politique de l’heure, puisque tel était le sobriquet du Pouilly Club de France . Lawrence Durrel, Truman Capote et Hemingway s’honorèrent d’en être membres actifs, mais Léger, Picasso, Bryen et Dunoyer de Segonzac se tenaient à l’écart, plus amateur de Fleurie que de vin blanc.
Brigitte Bardot, Alain Delon, Losey et Belmondo préféraient la terrasse, comme avant eux Simone Signoret, Jean Vilar et Gérard Philippe.
La politique, les Lettres, les Arts et le Spectacle sont dans la salle, depuis plus de cent ans au rendez-vous du Flore. La Mode aussi, ses créateurs – Rochas, Gunnar Larsen, Givenchy, Lagerfeld et Paco Rabanne, Guy Laroche – comme ses « créatures » : les plus beaux, les plus célèbres mannequins du monde, que Thierry Le Luron et ses complices Jacques Chazot, Mourousi et Jean-Marie Rivière viennent contempler en douce avecRégine, Castel ou les frères Botton. Débonnaire, Boubal se fait offrir un verre part Robert Sabatier et Bruckberger ou un café par Pierre Bourgeade, et Topor.
Il leur présente son successeur M. Siljegovic et Colette, sa ravissant épouse, vite adoptés par les initiés : ainsi va le monde, depuis longtemps et pour longtemps encore, celui du Flore… sa faune aussi, qui se dit comme Jean-Paul Sartre que « Les chemins de la liberté passent par le Flore »… !
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